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Le 5 septembre 2003 à 13h28
Ecrit par Arion

Saint Seiya s'anime

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L'adaptation de Saint Seiya en anime était un pari très risqué, il faut bien le reconnaître. Le style de Kurumada en rebutait plus d'un et on craignait le pire pour Saint Seiya TV. Mais qu'est-ce qui a réellement poussé Yoshifumi Hatano et les autres producteurs à vouloir adapter à tout prix cette oeuvre ? Son contenu, bien évidement... Le scénario parvenant à lui seul à justifier toutes les attentions.
"Le metteur en scène Morishita, le directeur d'animation Araki et le responsable des décors ne se découragent pas devant un planning surchargé. Nous allons essayer de faire vivre les personnages dans l'animé. Chaque personne de l'équipe se donne à fond dans sa spécialité. Je suis certains que cela aboutira à de bons résultats. Vous pouvez me faire confiance !"

Ces quelques mots, bourrés d'entrain et de passion, émanent du producteur de la série auprès de la Toei Dôga, Yoshifumi Hatano. Il savait déjà sans doute que le résultat final irait au delà de toute espérance. Pour ce faire, les petits plats ont été mis dans les grands : On engage Shingo Araki et son double Michi Himeno au design, Takao Koyama au scénario (lequel élabore le plan des 73 épisodes du sanctuaire avant d'être rejoint par l'excellent Yoshiyuki Suga pour les 41 derniers épisodes) et Seiji Yokoyama aux musiques. Le projet créé un véritable phénomène au sein de la Toei, tout le monde semblait passionné par son travail. L'utilisation de nouvelles techniques de pointes pour l'animation de l'époque (1986) contribua également à l'excitation générale.

Kôzô Morishita, directeur technique des 73 premiers épisodes de la série, puis chargé de la production, se confie dans les pages d'un des volumes originaux du manga de Saint Seiya : "L'animation a connu de nombreuses évolutions techniques, notamment en ce qui concerne la prise de vue des images de fond. L'ordinateur est maintenant aussi utilisé et des personnes très compétentes travaillent dans ce domaine. Il est pourtant rare de trouver des oeuvres qui permettent d'exploiter ces techniques au mieux. Saint Seiya était le produit que nous attendions depuis des années car pour retranscrire à l'image ce qui se dégageait du manga, il fallait faire appel à des techniques de pointe, autant qu'à un dynamisme et une passion à la hauteur de l'oeuvre originale."

Le travail débuta par le passage au crible du scenario. De nombreux détails furent ajoutés au fur et à mesure de façon à rendre l'univers des Chevaliers plus crédible aux yeux des téléspectateurs, notamment concernant la vie quotidienne. Aussi, des points du scénario ont été modifiés afin de pallier à certains "raccourcis" du manga. Un problème se présentait en effet aux producteurs du dessin-animé. Ce dernier et le support papier de Kurumada étant produit en même temps ou presque, et le scénario d'un épisode devant être remis impérativement trois mois avant sa production, on risquait une situation de blocage néfaste. Donc, pour éviter de rattraper le manga, de nombreux personnages ont été créés de toutes pièces, entraînant parfois des "conflits" parfois grossiers avec l'histoire originale. Certains délires de l'auteur ont également été éliminés, comme l'histoire des 100 enfants de Kido, ce qui ne nous a pas fort manqué.

Le Crystal Saint, par exemple, maître de Hyôga dans l'anime, est inexistant dans le manga, dans lequel Camus Chevalier d'Or du Verseau occupe cette fonction. Les scénaristes parviennent tout de même à retomber sur leurs pattes, en faisant passer Crystal pour l'élève de Camus. Les fans hurlent cependant au sacrilège, clamant que l'existence de Crystal amoindris considérablement le lien entre Hyôga et le Chevalier du Verseau. Autre exemple, moins clair, du moins pour ceux qui ne connaissent pas du tout le manga : Dans ce dernier, Ikki rencontre Shaka, avant leur combat "officiel" au Sanctuaire. Le néo-Chevalier de Bronze se fait sévèrement atomiser et le Gold Saint l' informe que cette rencontre sera effacée de sa mémoire, mais que si d'aventure ils devaient se rencontrer à nouveau, il éprouvera une peur panique incontrôlable. Dans l'anime, cette première rencontre n'est pas évoquée. Elle est pourtant essentielle pour comprendre la crainte irraisonnée qui s'empare d' Ikki au moment d'affronter le Chevalier de la Vierge. L'animé tente de se rattraper et imagine les épisodes très controversés des disciples de Shaka. Ou comment les scénaristes jouent les équilibristes.

Parmi tous ces exemples très parlants, le plus connu est peut-être celui de l'Armure d'Or du Sagittaire. Nous savons que Kurumada n'avait pas prévu au départ plusieurs armures d'or pour son histoire. Constatant le succès de son manga, il changea rapidement son fusil d'épaule et en inventa onze autres ! Il redessine par la même occasion l'Armure du Sagittaire, jugée (à juste titre) trop laide. Mais encore faut-il prendre la peine d'expliquer logiquement ce changement soudain de look. Kurumada nous explique que l'Armure première mouture est bel et bien la véritable Armure mais que Mitsumasa Kido l'avait jadis "maquillée" pour tromper ses ennemis. Explication qui ne brille pas par son originalité ou sa cohérence. Dans l'anime, c'est encore pire, vu que le changement est resté carrément inexpliqué !

Que dire alors des Steel Saints, créés et imposés par Bandaï, qui disparaissent aussi vite qu'ils ne sont arrivés ... Sans laisser de traces.
Autant de petits ajouts ou ellipses scénaristiques qui ne plaisent pas à tous les fans.
A la fin du Sanctuaire, pour ne plus devoir surveiller sans cesse le manga, les scénaristes émérites de Saint Seiya, Takao Koyama et Yoshiyuki Suga créèrent même une période entièrement inédite dans le manga: Asgard, assez controversée parmi les fans.

Le design tient certainement une place prépondérante dans le succès de la série. Confié à deux personnes qu'on ne présente déjà plus, Shingo Araki et son assistante Michi Himeno. Tous les personnages ont été retravaillés et redessinés savamment, pour le plus grand bonheur des yeux. Le pauvre Kurumada, au style plus que dépassé, se voit dès lors recevoir un paquet de critiques supplémentaires sur la qualité de ses dessins au regard de celui produit pour la série télévisée.

Le Character-designer nous livre ses premières impressions au contact de Saint Seiya : "Lorsqu'on travaille sur un animé, on entretient toujours une relation très étroite avec l'oeuvre originale dont il s'inspire. Travailler sur un animé, c'est toujours une course contre la montre, surtout quand il s'agit d'une nouveauté. Il était devenu rare que l'on puisse porter un regard approfondi sur le manga. Lorsqu'on m'a annoncé que j'allais travailler sur une nouvelle série basée sur un manga du nom de Saint Seiya, paraissant dans Shônen Jump, je me suis plongé dans le manga et l'ai lu attentivement. Cela ne m'était pas arrivé depuis longtemps. J'ai d'abord eu l'impression d'avoir été pris de court : l'histoire et la situation des personnages m'échappaient, je ne comprenais pas comment tout cela fonctionnait. Puis, après plusieures lectures, j'ai perçu ce que Seiya essayait de transmettre : derrière ses combats, il y avait quelque chose, le Cosmos. Je me suis alors décidé, nous allions faire jaillir la puissance de Seiya avec nos propres mains !"

Malheureusement, tous les épisodes ne sont pas signés Araki ou Himeno (loin de là !), et nous avons dès lors droit à certains épisodes horribles (nous retiendrons principalement le massacre de Shizuo Kawai sur les disciples de Shaka et le dernier épisode de Hyôga face à Milo), médiocres, potables ou justes bon. Mais qu'importe, le scénario est toujours là, gavé d'émotion pure, de bons sentiments, de combats titanesques et haletants... Tout cela rythmé ou bercé, selon les scènes, par les musiques tout simplement divines de maître Seiji Yokoyama ! Que demander de plus.

Comme je vous le disais plus haut, tout le design a été repris en main. Et les armures n'ont pas fait exception à la règle. Sous la patte d'Araki, elles offraient un look plus "esthétique" que celui produit par Kurumada. Ce changement de peau pour les Chevalier a été imposé par Bandaï, car les armures esquissées par le mangaka ne se révélaient pas assez... commerciales.
Ces premières moutures que portent les Chevaliers de Bronze (les plus connues par les aficionados de la série), seront utilisées pendant tout le chapitre du Sanctuaire.... Après quoi, les armures étant détruites, les producteurs retombent habilement sur leurs pattes en renouant avec le manga et les armures de Kurumada pour l' épopée nordique d'Asgard. Ce sera la dernière mutation des armures de nos héros... Du moins dans l'anime. Dans le manga, par contre, les changements d'armures sont assez fréquents et logiques.
Il est d'ailleurs dommage que les scénaristes et producteurs de l'anime n'aient pas pris cela en considération car après tout, l'évolution des Armures est naturelle puisqu'elles sont des entités vivantes, se restructurant harmonieusement avec le cosmos de leur propriétaire.

Autre pion essentiel du staff : Tadao Kubota. Sous ce nom se cache le génialissime chef-décorateur de Saint Seiya ! Membre d'un très célèbre studio (Studio Mukuo), il réalisa les décors pour Arrow Emblem Grand Prix no taka (Grand Prix), Versailles no Bara (Lady Oscar), Hi ! Step Jun (Vas-y Julie !), Sailormoon, Aoki densetsu Shoot !, Sangokushi (série de trois OAV dont la bande-son est signée Seiji Yokoyama !), Captain Harlock (Albator), Galaxy Express 999... Un très grand monsieur. En général, le chef-décorateur suit les directives de l'Enshutsu (à savoir metteur en scène ou directeur technique), lequel l'informe du genre de plans nécessaires pour une scène. Tadao Kubota, en tant que directeur artistique de la série, a notamment dirigé l'équipe chargée des dessins sur 63 des 67 premiers épisodes de la série !

Sur Asgard, deux décorateurs très talentueux éclatent au grand jour dans l'équipe. Tadao Kubota étant très pris sur Shinku no shônen densetsu (Abel), Minoru Ookauchi et Yoshiyuki Shikano réaliseront une part importante des superbes décors enneigés de cette mini série. Un must.

Du poste le plus méconnu au plus "médiatique", toute l'équipe s'est donnée à fond. Saluons donc les monteurs, ingénieurs du son, animateurs, intervallistes, réalisateurs et leurs assistants… Tous les noms de ces travailleurs de l'ombre peuvent être trouvés dans notre encyclopédie du staff. Ils méritaient bien ça.

Résultat des courses ? Après des débuts difficiles, la série cartonne au Japon, où elle obtient même la première place de l'Anime Grand Prix 1988 (classement élaboré par les lecteurs du magazine Animage qui récompense au japon le meilleur Anime de tout les temps). 1988, date à laquelle les chevaliers aboutissent en France et dans le Club Dorothée...
La série sera même deuxième en 1989, toujours lors du même concours, derrière un film de Miyazaki. Etant donné que tout les films de Miyazaki ont obtenus la première place à ce classement (sauf Mononoke Hime) lors de leurs sorties, on est en droit de considérer que Saint Seiya occupe la première place en 1989 également. La série cartonne aussi bien en France que dans de nombreux pays européens, voire même en Amérique du sud ! Une époque bénie entre toutes.

Mais voilà.... Toutes les belles choses ont une fin. Et les combats épiques de nos héros ont finis par lasser les téléspectateurs nippons. L'audience est en chute libre et Bandaï refuse de produire le Hades Chapter (la société ne s'engage qu'à la commercialisation du produit... Ils sont malins chez Bandaï ). Il n'en faut pas plus pour que la belle aventure se termine sur l'épisode 114, concluant l'adaptation sur la défaite de Julian Solo. Nos héros, perchés sur une falaise, regardent au loin.... Vers quelque chose qui s'éloigne... Le Manga prend définitivement de l'avance... Les héros scrutent les combats que mènent leurs alter-ego de papier face à d'étranges chevaliers à l'armure sombre... Mais cela ne les concerne plus.

Mais une nouvelle époque dorée est sur le point de s'ouvrir. Quinze ans après le début de la série, les treize OAV Saint Seiya Hades Jûnikyû-hen ont déferlés sur les petits écrans japonais et, succès aidant, d'autres aventures attendent nos héros. Deux autres nouvelles séries d'OAV et un film sont actuellement en projet. Immortel Saint Seiya !

Pour terminer cet article fleuve sur la genèse de l'anime, je ne pouvais résister à la tentation de reproduire une traduction d'un texte du site de Kunio Tsujita (responsable de la mise en couleur des cellulos sur Saint Seiya et sur les OAV Saint Seiya Hades Jûnikyû-hen !). Infos exclusives.

"Saint Seiya : la première série de télévision nationale dont je fut chargé à partir d'août 1986. A l'époque, Mr Morishita proclamait encore "Oh, ce genre de série ne tiendra que deux saisons tout au plus (NDT : 26 épisodes)" mais quand on a ouvert le couvercle, on a eu l'énorme succès !! Le monde est ainsi fait ! A la direction technique nous avions Mr. Morishita pour nous diriger et Mr. Katsumata, Mr. Akehi, Mr. Yamauchi et tous ces autres metteurs en scènes très représentatifs de la Tôei. Au niveau graphique, nous avions des troupes incroyables à commencer par le studio Araki Production, et ils s'inspiraient les uns les autres à chaque épisode et s'amélioraient toujours. A cette époque, la règle de base voulait que ce soit le Bijutsu kantoku (Directeur artistique) qui détermine les couleurs des personnages, chose que faisait Mr. Tadao Kubota au début de la série mais dont je fus chargé en cours de route. En fait j'avais toujours été l'un des plus grand fan de celui qui s'était occupé de la direction artistique du film Ginga Tetsudô 999, à savoir Tadao Kubota et son Studio Mukuo (NDT : le studio de feu Takamura Mukuo), et j'étais très nerveux au début. Car travailler avec des gens que l'on a toujours admiré… C'était extraordinaire !
Je me suis en fait occupé des épisodes 1, 26, 29 à… ? Je ne suis même pas sûr de pouvoir vous dire sur combien d'épisodes j'ai travaillé. A l'époque, la structure de production de la Tôei était en cours de mutation et nous nous sommes mis à commander l'intervallisation et les finitions d'épisodes à une entreprise de Taiwan nommée Daigan Dôga à partir de l'épisode 26 et c'est moi qui donnait les directives pour les couleurs pour chaque épisode dont ils étaient chargés. Et je me rappelle qu'après avoir fait un peu ce que nous voulions, moi et Mr. Yamauchi sur cet épisode 26, nous nous sommes fait vertement sermonner. J'ai fait tout ce que je pouvais et tout ce que je voulais sur cette œuvre avec Yamauchi. Il y a encore des choses dont je ne vous ai pas encore parlé à propos des films mais en tout cas c'est à partir de ce moment que les gens se sont mis à murmurer "si l'on met Yamauchi et Tsujita ensemble, ce travail déjà compliqué va se transformer en descente aux enfers ! En tout cas, je suis ce que je suis maintenant grâce à cette œuvre."
 
Merci à Nicolas Priet.